Maquette, maqueta, macchietta

2001. Série ‘Robbery’
Installation, création
Une intervention de Abel Robino, plasticien
à la Bibliothèque de l’abbaye de Royaumont

avec Luis Naón, compositeur
et René Dávila, vidéaste

Commande du Centre de Poésie et Traductions.
Fondation Royaumont. Mars 2001


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…Probablement la série Robbery commence avec les 9 feuilles d’un cahier des charges constituées des premières lettres reçues en exil venant des poètes, amis, famille ; éléments uniques d’un passé quasi aboli.

L’exil -possibilité de n’être personne- a été pour moi une matière à travailler.

Ces feuilles contiennent aussi la calligraphie d’un roman abstrait et une correspondance du même principe (abstrait) échangée avec des individus inconnus.

Par ailleurs un dessin copié d’un maître admiré Monsieur XX; puis l’idée de dessiner avec différents objets, les bords des feuilles à couteau et la présence des signes hasardeux au pinceau.

Abel Robino



Traduire (à) Royaumont

Autour de l’invitation faite à deux poètes – l’une portugaise, Ana Luisa Amaral; l’autre espagnole, Ada Salas – une quinzaine de personnes se sont retrouvés à Royaumont , pendant six jours, au mois de juin 2000 : il y avait là des poètes traducteurs français et leurs homologues (poètes, critiques, responsables de revues ou de maisons d’édition) espagnols et portugais.

Les trois premiers jours ont été consacrés à la traduction collective des textes proposés par les deux poètes invitées. A partir de ce travail et des questions soulevées par telle ou telle difficulté rencontrée au cours de l’atelier, il nous a été possible, les jours suivants, d’instaurer un vrai débat autour de la traduction et une réflexion sur la situation de la poésie dans les trois pays concernés.

D’autre part, nous avions demandé à René Dávilaet à Abel Robino d’observer et d’enregistrer, en tant qu’artistes visuels, l’ensemble de ces rencontres et de nous en proposer leurtraduction.

Ils ont conçu, en collaboration avec le musicienLuis Naón, une installation qui témoigne, quelque neuf mois plus tard, de cette lecture décalée.

Rémy Hourcadebible1


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9 feuilles
d’un cahier des charges

L’exil est une mort qui impose une nouvelle naissance. Pour Abel Robino : une possibilité de n’être (naître?) personne.

Abel Robino présente ici neuf feuilles recouvertes chacune d’un morceau de lettre reçue, de dessins volés, de traces de couleurs, de morceaux de calligraphie, de papiers collés.

Neuf feuilles, neuf lettres adressées à Abel Robino, poètes, amis, famille, inconnus qui lui disent qu’il est. Chacune écrite de la terre natale, territoire du passé, chacune lue en exil, territoire sans attache. Neuf lettres, pour combler le trou béant de la rupture. Neuf lettres, autant de miroirs du recevant. Je est un autre avait déjà écrit Rimbaud.

À partir de ces neuf lettres, Abel Robino en a composé autant de versions pour une tentative d’autoportrait à partir des miroirs tendus.

Chaque portrait n’est pas cadré mais, ainsi qu’une pierre tombale, semble émerger d’une surface stérile, desséchée, aride. Sous la tombe comme sous la peinture, ça nous parle de nous.

Neuf portraits reconstitués pour recouvrir le même blanc aveuglant du vide de l’oubli.

Flottant entre ciel et terre, déjà inaccessible, un corps vide, tressé de bandelettes blanches, en forme de bouche ou de sexe, dit la perte toujours présente, la déchirure originelle de l’homme et sa nostalgie.

De ce chemin évanescent à la matrice à jamais perdue, il n’en restera que le reflet obsédant dans le puits sans fond de la mémoire.

Michel Berlemont

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